Shona L. Halson
POINTS IMPORTANTS
- La récupération après l'effort devient de plus en plus importante pour diminuer la fatigue et améliorer la performance d'un athlète très performant.
- Les techniques de récupération les plus souvent utilisées par les athlètes comprennent l'hydrothérapie, la récupération active, l'étirement, les vêtements de compression et le massage.
- Au cours des 5 à 10 dernières années, un nombre sans cesse croissant de recherches ont porté sur les mécanismes éventuels et les effets de la récupération sur la performance.
- Une étude récente laisse supposer qu'utilisés de manière appropriée, l'hydrothérapie, la compression et le massage peuvent améliorer un haut degré de performance.
- Comme la récupération est un domaine relativement nouveau en recherche scientifique, il est recommandé aux athlètes d'expérimenter différentes techniques de récupération afin de connaître lesquelles sont les plus efficaces pour eux.
INTRODUCTION
Le professionnalisme en sport permet dorénavant aux athlètes de haut niveau de se concentrer uniquement sur l'entraînement et la compétition. De plus, le désir d'être un athlète de haut niveau et de performer le mieux possible a poussé les athlètes et leurs entraîneurs à rechercher toutes les façons possibles d'améliorer la performance. Par conséquent, la vitesse et la qualité de la récupération sont extrêmement importantes pour l'athlète de haut niveau, et une récupération optimale peut avoir de nombreux avantages quand entraînements et compétitions de haut niveau se suivent de près. Il est donc est important d'analyser les différents types d'interventions en matière de récupération ainsi que leur incidence sur la fatigue, les blessures musculaires, la récupération et la performance.
Il a été montré qu'une récupération adéquate contribue au rétablissement des processus physiologiques et psychologiques, permettant ainsi à l'athlète de participer à des compétitions ou de s'entraîner à nouveau en fonction de ses objectifs. Récupérer après un entraînement ou une compétition n'est pas simple et dépend généralement du type d'exercice ainsi que des autres agents de stress externes. La performance sportive dépend de nombreux facteurs qui devraient donc être aussi pris en considération dans un programme de récupération adéquat (voir Tableau 1).
Tableau 1. Facteurs de performance sportive
BILAN DE LA RECHERCHE
Méthodes pour améliorer la récupération de l'athlète
Les athlètes utilisent différents moyens pour favoriser leur récupération après un exercice. Ces moyens dépendent du type d'activité, de la date de la prochaine séance d'entraînement ou de la prochaine compétition, de l'équipement ou du personnel disponible. L'hydrothérapie, la récupération active, l'étirement, les vêtements de compression, le massage, le sommeil et l'alimentation ne sont que quelques-unes des techniques de récupération les plus populaires auprès des athlètes. (Remarque : D'autres articles de Sports Science Exchange portent sur “Le sommeil et l'athlète de haut niveau” et Les “interventions en nutrition pour un meilleur sommeil”, des sujets qui ne seront pas traités dans celui-ci.
Hydrothérapie
Si l'hydrothérapie est largement intégrée aux programmes de récupération après l'exercice, il n'en reste pas moins que les données sur ce type d'interventions sont surtout empiriques. Le corps humain répond à l'immersion dans l'eau par des changements au niveau du cœur, de la résistance vasculaire périphérique et de la circulation sanguine ainsi que par des variations de température au niveau de la peau, du tronc et des muscles (Wilcock et coll., 2006). Les changements dans la circulation sanguine et de température peuvent avoir une incidence sur l'inflammation, la fonction immunitaire, les courbatures et la perception de la fatigue.
Exercice d'endurance
Diverses formes de techniques de récupération par l'immersion dans l'eau gagnent en popularité auprès des athlètes de haut niveau. Même si les athlètes recourent à l'hydrothérapie depuis plusieurs années, ce n'est que récemment que les effets potentiels d'une immersion dans l'eau, la récupération et la performance ont fait l'objet de recherches. Les types d'immersion dans l'eau les plus courants sont l'immersion en eau froide, l'immersion en eau chaude et l'hydrothérapie contrastée, qui consiste à alterner entre l'eau chaude et l'eau froide.
Coffey et coll. (2004) ont analysé les effets de trois types de récupération (activité - exercice de faible intensité, passivité - repos en position assise et hydrothérapie contrastée) sur les performances obtenus sur un tapis roulant à des intervalles de 4 heures. Dans cette étude, l'hydrothérapie contrastée a été perçue comme offrant la meilleure récupération. Toutefois, pendant la course à haute intensité sur le tapis roulant, la performance est revenue à ses valeurs de départ 4 heures après le premier exercice, quel que soit le type de récupération utilisé. Hamlin (2007) a également montré que l'hydrothérapie contrastée n'a pas d'effet bénéfique sur la performance lors de sprints répétés. Vingt joueurs de rugby ont pris part à deux tests portant sur des sprints répétés et à intervalles d'une heure, avec hydrothérapie contrastée ou récupération active entre chaque répétition. La récupération active consiste généralement à faire un exercice aérobique sous diverses formes, qu'il s'agisse de bicyclette, de jogging, de jogging aquatique ou de natation. Elle est souvent considérée comme étant plus efficace que la récupération passive puisqu'elle suppose une augmentation de la circulation sanguine dans la région sollicitée ainsi que l'élimination de lactate et autres déchets métaboliques grâce à un apport en oxygène et une plus grande oxydation.
En comparant l'hydrothérapie contrastée à la récupération active, d'importantes diminutions de lactate sanguin et de la fréquence cardiaque ont été observées après une hydrothérapie contrastée; il n'en reste pas moins que la performance lors de la deuxième série d'exercices avait diminué par rapport à la première série, quel que soit le type de récupération.
Dans une étude portant sur le rapport dose-réponse de l'hydrothérapie contrastée, les auteurs ont observé une amélioration marquée de la performance à une épreuve chronométrée de cyclisme et de sprint après 6 minutes d'hydrothérapie contrastée (eau chaude : 38,4°C; eau froide : 14,6°C; rotations de 1 minute) par rapport au groupe témoin (repos passif) (Versey et coll., 2011a). Les séances de cyclisme duraient 75 minutes chacune et des intervalles de 2 heures les séparaient. Aucune amélioration n'a toutefois été observée dans la performance des cyclistes, malgré 18 minutes d'hydrothérapie contrastée, ce qui indique qu'il n'y a aucun rapport dose-réponse dans ces conditions. Douze minutes d'immersion en eau froide ont aussi amélioré l'effort total et la puissance maximale dans le cadre des sprints. Le même groupe de recherche a repris l'étude ci-dessus avec des coureurs entraînés et dans les mêmes conditions : même durée d'immersion dans l'eau, mêmes températures et même intervalle (2 heures) entre les séries d'exercices (Versey et coll., 2011b). Dans cette étude-ci, toutefois, la première série consistait en une épreuve chronométrée de 3 000 m, puis en 8 intervalles de 400 m. La seconde série d'exercices consistait en une épreuve chronométrée de 3 000 m. Les résultats de cette étude ont à nouveau montré qu'une séance d'hydrothérapie contrastée de 6 minutes améliorait la performance, tandis que celles de 12 et de 18 minutes ne l'ont pas permis, ce qui confirme le manque de rapport dose-réponse entre la performance à la course et l'hydrothérapie contrastée. Il est important de noter que cette étude a été effectuée à l'extérieur, à une température ambiante de 14,9 °C, et il se peut que l'exposition plus longue à l'eau froide ait réduit les bienfaits potentiels d'une immersion plus longue dans l'eau.
L'efficacité de l'immersion en eau froide et de l'hydrothérapie contrastée sur la récupération après une simulation d'un sport d'équipe (course) a été évaluée sur une période de 48 heures (Ingram et coll., 2009). Chaque sujet a pris part à trois épreuves étalées sur 3 jours, avec l'immersion en eau froide, l'hydrothérapie contrastée ou récupération passive immédiatement après la première série d'exercices, puis 24 heures après. La performance (temps pour effectuer 10 sprints de 20 m et force isométrique d'extension/flexion de la jambe) était évaluée avant l'exercice et 48 heures après. L'immersion en eau froide (2 x 5 min à 10°C) a donné de bien meilleurs résultats que l'hydrothérapie contrastée (2 min au froid à 10 °C, 2 min au chaud à 40 °C x 3) et que la récupération passive en ce qui a trait à la diminution des courbatures et à la réduction de la force isométrique d'extension ou de flexion de la jambe ainsi que de la performance au sprint par rapport aux valeurs de départ. Par comparaison à la récupération passive, une hydrothérapie contrastée effectuée 24 heures après l'exercice a également permis de diminuer les courbatures.
Les effets de trois séances d'hydrothérapie sur la récupération après d'un entraînement intensif effectué le jour suivant ont été analysés chez 12 cyclistes de sexe masculin qui ont participé à quatre essais expérimentaux dont seule l'activité de récupération différait, soit l'immersion en eau froide, l'immersion en eau chaude, l'hydrothérapie contrastée ou la récupération passive (Vaile et coll., 2008b). Chaque essai consistait en cinq jours consécutifs d'exercice (durée de 105 min, dont 66 sprints avec un effort maximal) avec récupération tous les jours. Après chaque séance d'exercice, les participants ont effectué une à quatre séances de récupération selon un schéma d'expériences croisées à répartition aléatoire. Dans tous les essais de 5 jours, les performances au sprint (0,1–2,2 %) et à l'épreuve chronométrée (0,0–1,7 %) étaient meilleures après l'immersion en eau froide et l'hydrothérapie contrastée, comparativement à l'immersion en eau chaude et à la récupération passive (Vaile et coll., 2008b).
Vaile et coll. (2008a) ont également analysé différentes températures de l'eau d'immersion (15 min d'immersion intermittente à 10 °C, à 15 °C, à 20 °C, immersion continue à 20 °C et récupération active). Deux séances de cyclisme de 30 min, séparées par 60 min, ont été effectuées sous une chaude température, avec l'un des cinq types de récupération immédiatement après la première séance. Sept jours séparaient chaque essai. Comparés aux séances de récupération active, tous les protocoles d'immersion dans l'eau ont amélioré de façon significative la seconde performance des cyclistes.
D'après ces données, il semblerait que l'hydrothérapie soit bénéfique pour l'endurance des athlètes, et particulièrement pour ceux qui fournissent des efforts très intenses. De façon plus précise, l'immersion en eau froide et l'hydrothérapie contrastée semblent plus bénéfiques que l'immersion en eau chaude pour permettre une récupération efficace après un exercice d'endurance.
Sports d'équipe
Rowsell et coll. (2009) ont effectué une étude auprès de joueurs de soccer junior de haut niveau, lors de 4 matchs en 4 jours et avec une séance de récupération après chaque match. Comparée à l'immersion en eau thermoneutre (groupe témoin), l'immersion en eau froide n'a eu aucune incidence sur les indicateurs de performance associés au soccer. Toutefois, les participants du groupe ayant été immergés dans l'eau froide ont constaté une diminution de la perception de fatigue et des courbatures.
Chez les joueurs de rugby, les chercheurs ont conclu que l'hydrothérapie contrastée n'avait aucun effet bénéfique sur la performance lors de sprints répétés (Hamlin, 2007). Vingt participants ont participé à deux tests de sprints répétés à une heure d'intervalle. Entre chaque essai, ils ont eu recours à l'hydrothérapie contrastée ou à la récupération active. Si, en comparaison avec la première série d'exercices, une importante diminution de la concentration de lactate sanguin et de la fréquence cardiaque a été observée après l'hydrothérapie contrastée, la performance des participants après la deuxième série avait diminué de manière comparable, quel que soit le type de récupération (Hamlin, 2007).
Lors de l'analyse des effets des diverses stratégies de récupération (passive, active, immersion en eau froide, hydrothérapie contrastée), King et Duffield (2009) ont constaté qu'aucune de ces stratégies n'avait eu d'incidence sur la performance lors de la simulation d'une partie de netball (saut vertical, sprint de 20 m, sprint de 10 m et durée totale du circuit). L'importance des effets a toutefois montré que la performance au sprint et aux sauts verticaux avait tendance à diminuer de manière moins marquée après une hydrothérapie contrastée et une immersion en eau froide. L'intervalle entre les séances de l'essai était de 24 heures, ce qui permet de penser qu'il est possible que la récupération ait été complète entre les séances. Il est aussi possible que l'immersion dans l'eau n'ait pas été suffisante pour être efficace; il s'agissait d'une immersion jusqu'à la crête iliaque seulement et d'une douche pour l'immersion en eau chaude. Ces résultats peuvent laisser supposer que la température musculaire est un facteur déterminant s'il faut tenir compte de la durée des stratégies de récupération.
L'efficacité de trois stratégies de récupération (apport en glucides et étirements, immersion en eau froide et bas de compression couvrant toute la jambe) a fait l'objet d'une étude avant et après un tournoi de basketball d'une durée 3 jours et menée auprès d'athlètes de niveau national (Montgomery et coll., 2008). Les séances de récupération se tenaient chaque jour et les athlètes ont tous joué un match complet de 48 min par jour. Les performances associées aux sprints, aux sauts verticaux, à la performance de l'alignement, à l'agilité et à l'accélération sur 20 m ont diminué pendant les 3 jours du tournoi, indiquant ainsi une accumulation de fatigue. En ce qui concerne le critère relatif à l'accélération du 20 m, l'immersion en eau froide a obtenu de bien meilleurs résultats que les autres stratégies. Comparativement à la consommation de glucides et aux exercices d'étirement, l'immersion en eau froide et la compression ont été associées à des avantages comparables en ce qui concerne la performance de l'alignement.
À remarquer que les études en laboratoire rigoureusement contrôlées portant sur l'incidence de la récupération sur la performance ont montré les effets positifs de diverses formes d'hydrothérapie (comme mentionné dans la section sur les exercices d'endurance). Toutefois, des études limitées recourant à des scénarios de sports d'équipe et utilisant des méthodologies fort diverses ont permis d'obtenir des résultats moins évidents lors d'une comparaison entre des athlètes de sports d'équipe et les athlètes précédemment évalués en laboratoire.
Pour des études approfondies sur l'hydrothérapie contrastée et l'immersion en eau froide, voir ces récents articles de synthèse : Halson, 2011; Leeder et coll., 2012; Versey et coll., 2013).
Récupération active
Les bienfaits d'une récupération active entre les séances d'entraînement ou après une compétition n'ont pas été clairement démontrés dans le cas de plusieurs sports. Aucun effet adverse sur la performance n'a été observé après une récupération active (comparativement à une récupération passive) entre les séances d'entraînement, et peu d'ouvrages sur le sujet parlent d'une meilleure performance. Toutefois, de nombreux chercheurs utilisent l'élimination du lactate comme premier indicateur de récupération, et il se peut que ce ne soit pas un indicateur valide pour savoir si la récupération s'est améliorée ou si la capacité de performer peut rester la même qu'avant (Bond et coll., 1991).
Une étude récente portant sur les effets d'une séance de récupération par la natation sur une performance de course ultérieure a montré une amélioration de la performance par rapport à la récupération passive (Lum et coll., 2010). Des athlètes bien entraînés ont participé à une séance de course très intense suivie, 10 heures plus tard, par une séance de natation (20 x 100 m à 90 % de la vitesse de l'épreuve chronométrée de 1 km) ou par une séance de récupération passive. Vingt-quatre heures après la première course, une course visant à mesurer la relation temps-fatigue a été effectuée. Les sujets ayant nagé ont couru pendant 830 + 98 secondes, comparativement aux sujets de la séance de récupération passive, qui ont couru pendant 728 + 183 secondes. Il se peut que cette amélioration soit due aux bienfaits hydrostatiques de l'eau (qui semblent augmenter le retour veineux et le flux sanguin) ou à la récupération active elle-même.
L'influence de l'intensité d'une récupération active sur l'élimination du lactate dans le sang a également fait l'objet d'études (Menzies et coll., 2010). Dans cette étude comparant les récupérations active et passive dans le cadre d'une course à différentes intensités, il a été montré que le lactate était moins élevé après les courses d'une intensité plus élevée (de 60 à 100 % du seuil de lactate) qu'après celles d'une intensité plus faible (de 0 à 40 % du seuil de lactate). L'élimination maximale de lactate s'est produite lors de la récupération active à des intensités proches du seuil de lactate. Il est à noter que, dans cette étude, les concentrations maximales de lactate étaient faibles (3,9 mmol) et que les sujets n'étaient que modérément entraînés. Carter et coll. (2002) ont évalué les effets des différents types de récupération après un exercice sur les réponses thermorégulatoires et cardiovasculaires, et les résultats obtenus laissent supposer qu'une récupération légèrement active pourrait jouer un rôle important dans la dissipation de la chaleur après l'effort. Toutefois, le ou les mécanismes à l'origine de ces réponses modifiées par la récupération active ne sont pas connus.
Le rôle de la récupération active dans la réduction des concentrations de lactate après l'exercice peut être un facteur important pour les athlètes, mais la recherche à ce sujet reste incomplète. Selon des données empiriques, c'est pour cette raison que ce type de récupération est le plus courant et qu'il est utilisé par la majorité des athlètes.
Étirement
Si l'étirement est l'une des stratégies de récupération les plus souvent employées, les études portant sur ses effets comme type de récupération sont rares. Kinugasa et Kilding (2009) ont évalué les effets d'un étirement statique de 7 min sur des athlètes de sports d'équipe à la suite d'un match de football. L'étirement n'était pas aussi efficace que l'hydrothérapie contrastée ou qu'une récupération combinée (hydrothérapie contrastée et récupération active) pour améliorer la récupération telle que perçue par les sujets.’ Parallèlement, Montgomery et coll.(2008) ont découvert qu'une stratégie de récupération combinée (étirement et apport en glucides) immédiatement après trois matchs de basketball étalés sur une période de 3 jours n'était pas aussi efficace que l'immersion en eau froide pour restaurer la performance physique (sprint de 20 m, exercice d'entraînement de course pour le basketball, exercice de flexion avant du tronc).
En revanche, Dawson et coll. (2005) ont constaté que les exercices d'étirement après un match de football australien a grandement augmenté la puissance des athlètes lors d'un sprint de cyclisme de 6 secondes 15 heures après le match, comparativement aux résultats obtenus par le groupe témoin. De plus, Miladi et coll. (2011) ont observé que les exercices d'étirement dynamique avaient obtenu de bien meilleurs résultats que la récupération active ou passive pour soutenir une seconde séance de cyclisme jusqu'à l'épuisement. Finalement, après une étude sur les dommages musculaires, il a été montré que l'étirement améliore l'amplitude du mouvement et diminue les courbatures par comparaison aux résultats obtenus par le groupe témoin (Kokkinidis et coll., 1998).
À partir des données ci-dessus, force est de constater que les avis sont partagés quant aux bienfaits de l'étirement comme stratégie de récupération. Par ailleurs, deux études différentes portant sur les méthodes de récupération ont conclu que l'étirement n'entraînait aucun bienfait (Barnett, 2006; Vaile et coll., 2010). Il est important de noter qu'à ce jour l'étirement après un exercice n'a eu aucun effet négatif sur la performance.
Vêtements de compression
Plusieurs stratégies de récupération pour les athlètes de haut niveau reposent sur l'équipement ou les traitements médicaux utilisés auprès de la population étudiée. Les vêtements de compression font partie de l'une des stratégies employées traditionnellement pour traiter divers troubles lymphatiques et circulatoires. Il est d'avis qu'ils améliorent le retour veineux grâce à l'application d'une compression graduelle des membres de la région proximale vers la région distale (Bochmann et coll., 2005). La pression externe créée peut restreindre l'espace intramusculaire disponible pour le gonflement et favoriser un alignement uniforme des fibres musculaires, atténuant ainsi la réaction inflammatoire et les courbatures (Kraemer et coll., 2001).
Les coureurs amateurs portant des vêtements de compression ont fait l'objet d'une analyse pendant et après des courses à intervalles et en continu (Ali et coll., 2007). Les auteurs ont remarqué une diminution des douleurs musculaires reportée de 24 heures si une compression avait été exercée lors d'un exercice en continu (10 km). Si ces résultats ne sont pas significatifs d'un point de vue statistique, une tendance s'en dégage tout de même : les participants ayant porté des vêtements de compression ont couru les 10 km plus rapidement que ceux qui n'en portaient pas. Les sujets ont porté des bas de compression gradués offerts sur le marché, la compression étant la plus forte à la cheville (18 à 22 mmHg) et réduite de 70 % au-dessous du genou. Récemment, la perception des courbatures après avoir porté des vêtements de compression lors de sprints ou d'exercices de sauts avait diminué, et ce, pendant les 24 heures qui ont suivi l'exercice (Duffield et coll., 2010). Si la sensation de courbatures avait diminué, aucun changement n'a été observé sur la performance lors des sprints, même avec des vêtements de compression.
Si, à l'heure actuelle, le lien entre vêtements de compression et récupération n'a fait l'objet que de très peu de recherches chez les athlètes d'endurance, le peu de données dont nous disposons permet de croire qu'ils pourraient présenter de faibles avantages et rien n'indique qu'ils ralentissent le processus de récupération (Hill et coll., 2013). Il est nécessaire de pousser plus loin la recherche pour connaître la dose optimale ou le meilleur moment pour un apport en caféine et en glucides et il est nécessaire que des batteries de tests d'habiletés cognitives et motrices valides, fiables et adaptés soient effectuées dans le cadre des prochaines recherches sur leur efficacité.
Massage
Le massage est une stratégie de récupération largement utilisée par les athlètes. Toutefois, mis à part les bienfaits du massage sur les courbatures, peu d'études ont montré ses effets positifs sur la performance dans le cas de séries d'exercices répétées. De plus, une augmentation du débit sanguin est l'un des principaux mécanismes proposés pour améliorer la récupération (et, par le fait même, pour améliorer l'élimination des déchets métaboliques). Toutefois, plusieurs études n'ont révélé aucune augmentation du débit sanguin ou aucune élimination de lactate lors d'un massage (Monedero et Donne, 2000, Tiidus et Shoemaker, 1995). En effet, lors d'une étude récente, Wiltshire et coll. (2010) ont constaté que le massage réduisait le débit sanguin et l'élimination de lactate.
Lane et Wenger (2004) ont découvert que le massage permettait d'obtenir de meilleurs résultats que la récupération passive pour maintenir les performances de cyclisme aux 24 heures. Toutefois, la récupération active et l'immersion en eau froide ont procuré plus de bienfaits (non significatifs) que le massage. Monedero et Donne (2000) ont constaté que le massage n'était pas plus efficace que la récupération passive effectuée entre deux épreuves chronométrées simulées de cyclisme de 5 km aux 20 min. Toutefois, une récupération combinée de cyclisme actif et de massage permettait de bien mieux maintenir la performance que le cyclisme actif ou le massage seul ou la récupération passive. En revanche, lors des sprints de cyclisme très intenses (8 sprints de 5 secondes répétés deux fois), Ogai et coll.(2008) ont remarqué que lorsque le massage était donné entre les deux séries, la puissance totale de la deuxième série était meilleure comparativement à celle du groupe témoin. Il est à noter qu'aucune autre stratégie de récupération n'était utilisée; il est donc difficile de comparer le massage par rapport à d'autres formes de récupération.
Plusieurs études sur les effets du massage ont conclu que bien que ce mode soit bénéfique pour améliorer l'aspect psychologique de la récupération, son utilisation pour améliorer la récupération à la suite de performance fonctionnelle n'a pas été démontrée (Barnett, 2006; Weerapong et coll., 2005). Toutefois, étant donné que le massage a des bienfaits potentiels sur la prévention et la gestion de blessures, il devrait toujours faire partie du programme d'entraînement des athlètes’ pour des raisons autres que la récupération.
Applications pratiques
Si peu de recherches scientifiques se sont consacré à l'étude des stratégies de récupération chez les athlètes, les données scientifiques et empiriques actuelles laissent supposer qu'employer un mode de récupération approprié peut contribuer à améliorer la performance. À l'heure actuelle, les recommandations générales suivantes peuvent être formulées (Halson, 2011) :
- Il faut tenir compte de la durée d'une pause entre deux séances d'entraînement ou deux compétitions. Une procédure de récupération est-elle nécessaire? Qu'est-ce qui peut être réellement effectué pendant ce temps? Quelles stratégies étayées par des preuves scientifiques peuvent être utilisées en un temps donné?
- La température et la durée d'immersion dans l'eau doivent être appropriées. La recherche a mis en évidence les effets positifs de l'immersion dans l'eau à des températures de 10 à 15 °C pour l'eau froide et de 38 à 40 °C pour l'eau chaude.
- Certaines études ont montré que l'immersion en eau froide ou l'hydrothérapie contrastée pendant 14 à –15 minutes améliore la performance.
- Le rapport d'immersion en eaux froide et chaude lors de l'hydrothérapie contrastée devrait être de 1:1. La recherche utilisant sept rotations de 1 minute d'eau chaude et 1 minute d'eau froide a donné des résultats positifs sur la performance.
- Les vêtements de compression et la récupération active peuvent être bénéfiques pour les athlètes d'endurance. Si, à l'heure actuelle, les éléments de preuve positifs sont peu nombreux, l'usage de ces modes de récupération ne semble pas entraîner d'effets néfastes et les données empiriques montrent qu'ils sont populaires. Une recherche approfondie et bien contrôlée s'avère donc nécessaire.
Récapitulation
Étant donné que la recherche sur la récupération est un domaine relativement nouveau pour les scientifiques, la plupart des recommandations actuelles ne sont que des lignes directrices générales. Il est important pour les athlètes d'expérimenter avec diverses stratégies et approches pour établir les options de récupération qui fonctionnent le mieux pour chacun. Il est toutefois reconnu qu'une récupération optimale après un entraînement et une compétition a de nombreux bienfaits sur la performance des athlètes. Les stratégies de récupération comme l'hydrothérapie, la récupération active de faible intensité, le massage, les vêtements de compression, les exercices d'étirement ou une combinaison de ces stratégies peuvent être bénéfiques pour améliorer la récupération. Il reste important de se pencher sur ce que serait la meilleure alimentation après l'exercice et sur le type de sommeil nécessaire pour maximiser la récupération et diminuer la fatigue après un exercice.
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